Dérives (Accompagner le mouvement) et des rives (Habiter la Capelette)

Prix spécial Grand-Prix national décerné parmi les équipes lauréates

Site : Marseille / La Capelette

Composition de l’équipe

Mandataire
Horizons Paysages (Urbanisme - Projets urbains et Paysager – Espaces publics)
— 
Puya Paysage (Urbanisme - Paysage )
— 
Artelia (Hydraulique )
— 
Etienne Ballan (Urbanisme - Concertation)
— 
Madania (Urbanisme – Résilience urbaine)
— 
Atelier d’architecture Sébastien CORD (Architecture - Patrimoine)

Contact : contact@horizons-paysages.f


La Capelette est la confluence marseillaise. S’y retrouvent les deux principaux cours d’eau qui traversent la ville, le sol remué par l’eau puis travaillé par les hommes, des infrastructures de transport, les matières de la ville devenues déchets. D’une plaine fertile devenant industrielle puis urbaine, l’histoire a effacé son caractère alluvial. En connectant de nouveau le quartier avec sa géographie profonde, le projet met en harmonie ses différents visages : entre maintien d’activités nécessaires à la ville et constitution d’une trame urbaine, équilibrant les circulations, amenant de de nouvelles manières d’habiter, afin de créer un hydrosystème urbain soutenable.
"Dérives & Des rives" illustre cette dimension systémique, relationnelle voire écotoniale du projet. Entre "dérives", au sens des détournements de l’eau, des usages ou des fonctions et les "rives" qui amènent à penser en situations riveraines, cohabitations et interfaces entre ces divers usages et occupations.

L’eau guide le projet. Une analyse fine du site a amené à caractériser les spécificités des bassins versants de ces deux cours d’eau : l’inondation soudaine et récurrente du Jarret, à l’image des derniers évènements du 4 octobre 2021, et l’inondation lente de l’Huveaune submergeant la plaine. Ainsi, le chemin des eaux dessine le futur parc inondable des Canissats. Formant un bras venant à la rencontre de l’Huveaune, le parc innerve le quartier par un réseau de noues conduisant les eaux. Dans la continuité du parc du 26e centenaire et se raccrochant aux berges de l’Huveaune, il s’insère comme le maillon clé d’un système de parcs ouvrant le quartier sur la ville.

Le parc dessine des rives urbaines. Un réseau de traverses piétonnes et d’espaces publics inondables réajuste la dimension urbaine du quartier à son caractère purement fonctionnel. Les trajets de la vie quotidienne se confondent avec les itinéraires hors d’eau, rejoignant différents espaces-refuges. En faisant réapparaître l’eau au cœur du quartier, l’habitant vit au rythme des crues, se forgeant une culture du risque.

Prendre en compte le risque, c’est « composer avec ». Cela invite à la mutualisation des espaces, des fonctions et des programmes à la manière des Halles actives. Le parti pris architectural se traduit par une adaptation des formes urbaines aux spécificités de l’aléa : du prolongement topographique d’un socle à la constitution d’une transparence hydraulique au plus près des axes d’écoulement. La Capelette est un tissu de circonstances, un entremêlement de fonctions s’incarnant par une architecture hétéroclite. Comprendre l’occupation et l’usage de chaque bâtiment nous a ainsi amené à envisager de manière contextuelle leurs relocalisations, leurs réutilisations ou leurs mutations.

S’imposant comme une nécessité, le réemploi devient alors une fonction intelligible de la ville. Extension du Centre de Tri des déchets, la Recyclerie inscrit la transformation de la matière dans un nouveau lieu productif au sein du quartier.

En somme, cette nouvelle matrice urbaine et paysagère, incarnée par les rives, esquisse la structure d’un avenir souhaitable qui accepte de prendre chaire dans l’incertitude du temps long.

Partager la page