Habiter le lit majeur de la Touques

Prix spécial Grand-Prix national décerné parmi les équipes lauréates

Site : Communauté de Communes Cœur Côte Fleurie

Composition de l’équipe

Mandataire
Yannick Gourvil, et Alors (Architecture et recherches urbaines)
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Céline Bodart (Recherches en architecture et sciences humaines)
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Artélia (Bureau d’études hydraulique, environnement, résilience urbaine et stratégie de gestion de risques inondation)
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Atelier Sylvos (Paysage espaces publics et urbanisme)
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Commune (Architecture, espaces publics et recherches)
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Chris Younès (Philosophie des milieux habités, synergies)
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BMC2 (Architecture et urbanisme - accueil logistique)

Contact : www.etalors.eu


Ce qui rend aujourd’hui un territoire vulnérable peut devenir une ressource pour sa ré-invention. C’est dans cette logique que l’équipe propose ici un projet de transformation qui engage les habitant.e.s à apprendre à co-habiter avec la Touques dans son lit majeur.

Le lit majeur est un milieu aux risques d’inondation variés, tributaire de divers phénomènes (prévisibles et imprévisibles) et de leurs concomitances possibles. Si la dilatation du fleuve est une certitude, ses formes, hauteurs et temporalités restent quant à elles incertaines. L’enjeu est alors avant tout de réapprendre à voir les variations de la Touques, à les sentir, les rendre présentes dans l’environnement urbain et dans les pratiques quotidiennes de ses habitant.e.s. Il s’agit en ce sens d’imaginer de nouvelles manières de co-habiter avec ses rythmes variés et ses vulnérabilités, mais aussi de co-construire une culture commune des risques d’inondation et submersion du territoire.

Le long des rives de la Touques, l’adaptation des territoires habités adresse des enjeux différents selon les situations. Par endroit, il sera question de retarder la catastrophe en se protégeant par la technique ; à d’autres, les inondations devront être intégrées dans le développement des espaces publics et du bâti, cherchant à limiter les dégâts tout en recomposant un paysage adaptable. Pour organiser ces réactions multiples possibles, l’équipe propose de définir différents niveaux d’attention face aux risques d’inondation. Ces niveaux sont définis et tracés dans le territoire selon les fluctuations entre les lits mineur et majeur de la Touques (actuelles, probables et possibles). Trois d’entre-eux sont qualifiés : les sols vulnérables, la marge de vigilance et la zone de mise à l’abri. Le tracé des niveaux permet également de connecter le milieu urbain au paysage de la Touques ; un paysage riche, hybride et offrant des occupations différenciées selon les rythmes du quartier et des aléas.

Entre ces lignes de niveaux, il est question de concevoir divers mouvements de replis/déplis, engageant sur le territoire de nouveaux rythmes d’usage, souples et sensibles aux variations spatiales et temporelles du milieu. Cette stratégie d’adaptation, étudiée sur le système des affluences de l’estuaire de la Touques, est plus spécifiquement projetée sur le site-pilote de sa confluence avec l’Épinay, transformé en un nouvel espace public, paysager et habité qui relie et rend visible les fluctuations de la Touques depuis la rue du Docteur Lainé. Le projet de réaménagement suit et s’ajuste aux niveaux d’attention à l’inondation définis (vulnérabilité, vigilance, abri) et sur différentes temporalités : temps 1 sur une génération humaine, temps 2 sur plusieurs générations avec une submersion marine liée au réchauffement climatique dont on ne connaît pas l’ampleur. Le projet se décline alors en cinq familles d’interventions, allant d’opérations architecturales tactiques à des pistes de mutation stratégiques urbaines, paysagères et territoriales.

Ces interventions fonctionnent en interaction les unes avec les autres afin de co-construire, sur des temps multiples et incertains, la transformation résiliente du territoire.

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