Sept territoires et un même défi : « Démontrer qu’un développement urbain, résidentiel et économique peut être effectué sur la base des principes de sobriété foncière », décrit le préfet Rollon Mouchel-Blaisot. Le directeur du programme Action cœur de ville figure également aux commandes du comité de pilotage de la démarche Territoires pilotes de sobriété foncière (TPSF), avec l’agence interministérielle du Puca (Plan urbanisme construction architecture). Lancée début 2021, l’expérimentation entre bien sûr en résonance avec la loi « climat et résilience » et les enjeux de zéro artificialisation nette (ZAN).
« Il s’agit d’essayer de démontrer, de décrypter à quelles conditions nous pouvons passer à l’opérationnel », pose Hélène Peskine, architecte-urbaniste en chef de l’Etat et secrétaire permanente du Puca. En pratique, un Cercle des territoires pionniers de la sobriété foncière a été constitué. Sa composition a été étendue aux 25 collectivités Action cœur de ville, signataires d’une opération de revitalisation de territoire (ORT) ayant candidaté à cette démarche, ainsi qu’à des partenaires institutionnels et réseaux professionnels. « Ce cercle constitue vraiment le lieu du débat en continu de cette expérimentation », poursuit-elle.
Ingénierie constituée
Ce 31 janvier, plus de 100 personnes, dont de nombreux élus et techniciens des collectivités s’étaient rassemblés en ligne, à l’occasion d’une quatrième rencontre. Le thème : de la planification à la programmation foncière. Un rendez-vous qui a sonné la fin de la phase d’appropriation de la démarche au sein des 7 collectivités. Entre organisation interne et mobilisation de compétences extérieures.
Comme l’explique Sylvain Grisot, urbaniste du cabinet Dixit.net, chargé du suivi national de la démarche, « il y a avait la volonté de leur laisser une liberté d’organisation, sur la gouvernance locale de la démarche et le pilotage de ces expertises. Chacun était ainsi accompagné dans le recrutement d’assistances à maitrise d’ouvrage locales, qui peuvent être l’établissement public foncier (EPF), l’agence d’urbanisme ou des recrutements par l’intermédiaire de marchés publics d’ingénierie externe. » L’occasion pour les collectivités d’expérimenter différentes configurations et de se lancer dans une phase opérationnelle, de repérage ou « d’identification du foncier invisible », comme le dit Sylvain Grisot.
C’est le cas de l’une des sept collectivités pilotes : Epernay (Marne), ville et communauté de communes (Epernay-Pays-de-Champagne) qui a confié à Villes vivantes ce travail de recensement des gisements fonciers. Avec une porte d’entrée… économique ! « Il s’agit en effet de mettre d’emblée en lien le projet d’acquisition de foncier avec le marché immobilier local et les filières de production du logement », confie Lucas Pouvreau (Villes vivantes). Histoire d’éviter de se lancer dans des programmes « où rien ne pourra se passer au regard du marché local ». Un point d’autant plus important à Epernay, « territoire, qui se reconstruit sur lui-même depuis vingt ans, car cerné par les éléments naturels », rapporte son maire (SE) et président de l’agglomération, Franck Leroy. Entouré en particulier, de « vignes plantées dont la valeur moyenne oscille entre 1 et 1,2M d’euros l’hectare »…
Portage politique fort
Si elle ne fait pas partie des pionniers, la ville d’Avignon (Vaucluse) apparaît déjà bien avancée sur ces questions de sobriété. Et pour cause, Paul-Roger Gontard, adjoint (Parti radical) au développement territorial, urbain et aux grand projets, évoque « un foncier “peau de chagrin”, entre Rhône et Durance, qui nous oblige à appréhender le développement de notre territoire en reconstruisant la ville sur elle-même et en créant un équilibre géographique entre l’espace bâti et le non-bâti ». Autant d’axes fixés dans un nouveau PLU « modernisé », arrêté en décembre 2021. « La question de la sobriété foncière y est centrale », confirme Lucie Giard, directrice « planification et développement urbain ».
La preuve par les chiffres : « Entre 2008 et 2018, notre consommation foncière était de 858 mètres carrés par habitant. Dans le PLU en projet, elle passera à 183 mètres carrés par habitant, sans ouverture de nouvelle zones d’urbanisation. » Au-delà des outils d’aménagement employés, Jean-Baptiste Martin, directeur « habitat, urbanisme et écologie urbaine », insiste volontiers sur « urbanisme négocié », sur fond « de portage politique fort ». Un point crucial. « Car durant longtemps et pour beaucoup d’élus dont j’ai fait partie », conclut Franck Leroy (Epernay), « un bon mandat était un mandat au cours duquel nous augmentions le nombre d’hectares à urbaniser… Aujourd’hui, nous sommes sur un changement total de culture, avec un important travail de sensibilisation à conduire ».
La prochaine réunion du cercle aura lieu fin mars – début avril.
Les 7 territoires engagés
- Draguignan / Dracénie Provence Verdon agglomération
- Dreux / agglomération du pays de Dreux
- Epernay / Epernay agglomération Champagne
- Louviers / agglomération Seine-Eure
- Maubeuge / agglomération Maubeuge – val de Sambre
- Poitiers / Grand Poitiers communauté urbaine (GPCU)
- Sète / Sète agglopôle Méditerranée (SAM)
Références
Rendez-vous sur le site du PUCA pour accéder aux vidéos des rencontres du Cercle des Territoires pionniers de la sobriété foncière. Et pour télécharger les fiches-outils Sobriété foncière.
Thèmes abordés