Le périurbain face à ses clichés

« Comment la France est devenue moche ? » L’article paru dans Télérama en 2010 réglait assez vite le sort des périphéries françaises : leurs milliers de lotissements et de ronds-points représentaient rien moins que l’échec des politiques publiques d’aménagement. Cette vision n’est pas si éloignée des représentations de nombreux experts. La périurbanisation a longtemps été réduite à un processus de diffusion de l’aire d’influence d’une ville sur ses périphéries. Hier, on contestait son « mitage de l’espace », aujourd’hui, sa « non durabilité » en raison de l’usage souvent obligatoire de la voiture, de sa consommation du territoire, etc.
Après quatre décennies, si la croissance périurbaine est encore vive, elle ne tend pas à l’uniformité : les études récentes révèlent que les espaces périurbains connaissent une maturation morphologique (densification), sociétale (mixité générationnelle) et résidentielle (processus de territorialisation). En effet, des polarités « secondaires » se sont depuis créées autour de pôles périphériques ou de bourgs, et influent sur les mobilités résidentielles et quotidiennes. La population ayant vieilli, le périurbain est désormais habité par des ménages divers - incluant retraités et familles monoparentales. Peu d’ailleurs se disent « captifs » de l’espace : modestes ou aisés, ils essaient de se recentrer sur des territoires de proximité et au-delà, beaucoup manifestent un attachement à leur maison certes, mais aussi au territoire dont ils apprécient la vitalité (commerces, tissu associatif).
Une propension à « l’ancrage » que les élus locaux accompagnent. Raisonnant à l’échelle de l’intercommunalité, ils cherchent à accroître l’attractivité de certaines communes, à diversifier le parc de logements. Ils mettent ainsi en œuvre une action publique locale étendue, transversale et coopératrice, aussi bien dans les démarches de partenariat, de financement que de planification.

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