Note d’analyse #5 - Comment la crise sanitaire a-t-elle bousculé la ville du travail ? - janvier 2021

Les derniers mois se sont accompagnés d’un cortège de transformations dans le monde du travail : arrêt net de certaines activités pendant les confinements, massification du télétravail, mise en place du chômage partiel, exposition accrue de travailleurs jugés indispensables au fonctionnement de la société… Le travail a été éprouvé dans le fond (travail de première nécessité ou pas) et dans sa forme (télétravail ou pas). De plus, la fragilité économique de certains secteurs a été révélée ou accélérée par la crise sanitaire. L’appréhension que nous avons des activités, leur représentation, leur segmentation et leur hiérarchie a été bouleversée selon qu’elles sont considérées comme « essentielles ou non ». La crise sanitaire a mis en lumière certaines activités et professions, particulière-ment exposées en raison du risque de contact physique : celles du contact obligé et répété avec du public comme par exemple les caissières et caissiers, les personnels du secteur hospitalier, de la restauration et du spectacle, (intermittents, producteurs, etc.). Les notions de « travailleurs clés » ou « les activités essentielles » préexistaient à la crise mais n’étaient guère usitées. Elles semblent devenir prépondérantes dans la scène médiatique.

La crise sanitaire a déclenché une “méta crise” du travail en affectant à la fois les modes de travail et les activités économiques tous secteurs confondus. En ce sens, elle se distingue des crises économiques que les territoires ont essuyées par le passé. Par ailleurs, elle questionne les pratiques des professionnels de l’immobilier et de l’aménagement, leur façon de penser l’agencement des espaces, la fonction des lieux du travail et ceux dédiés au développement économique des territoires : faut-il, si le télétravail devenait la norme, penser les logements en intégrant cette fonction ? Devrions-nous transformer l’immobilier tertiaire ? Plus largement, quel sera le nouvel équilibre entre travail au(x) bureau(x) et télétravail ? De même, les secteurs du tourisme, du commerce, de l’industrie sont affectés par des changements très soudains. Et si demain, pour certains types de bien, le commerce se faisait quasi exclusivement en ligne ? Comment adapter les espaces commerciaux des villes ? A quelles conditions accueillir de nouvelles activités de production en ville afin de réduire notre dépendance aux importations ? Certains de ces questionnements préexistaient à la crise sanitaire mais se trouvent aujourd’hui renforcés. Des expérimentations ont été testées ici et là en temps de crise, sans que l’on ne sache encore si elles sont amenées à se pérenniser. Cette note propose de revenir sur les différentes transformations du travail, de ses spatialités et de montrer comment la recherche urbaine remet en question certains modèles urbains.

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