Retours sur le Séminaire du Conseil Stratégique POPSU, Arc-et-Senans, 26 et 27 août 2020

Ce Séminaire, moment clé de mise en débats des recherches-actions conduites dans POPSU Métropoles, vise à fournir les orientations scientifiques du programme, et bien au-delà à créer un intellectuel collectif d’une cinquantaine de personnalités qualifiées, par une compréhension commune des transitions à l’œuvre, qui rende plus robustes et documentées les idées à porter dans le débat public, par une approche réflexive de l’action publique. Dans un contexte d’incertitudes croissantes, lié à la multiplication de crises qui mettent le dialogue interterritorial à l’épreuve, comment sortir des malentendus projetés sur les figures et les missions de la métropole ? Telle est l’ambition cette année du Séminaire d’Arc-et-Senans.

Si la trame problématique rédigée par Marie-Christine Jaillet, Responsable scientifique du programme, à l’occasion du Premier Séminaire en 2019, insistait sur la remise en cause quasi structurelle des métropoles, accusées d’être incompatibles avec les principes du développement durable, gourmandes en ressources, égoïstes et prédatrices, alors même que l’urbanisation se poursuit et que la loi MAPTAM leur a assuré un statut, la crise sanitaire et le contexte post-électoral ont bousculé les trajectoires des métropoles et justifient une relecture de la grille d’analyse proposée alors. Quatre premiers axes de travail avaient été proposés pour ausculter les dynamiques des quinze métropoles avec leurs territoires voisins, et dépasser le discours sur la disqualification métropolitaine, en les inscrivant dans leur environnement :

1) De l’attractivité à l’hospitalité : pour une politique du quotidien
2) De la construction d’un leadership à celle d’une capacité transactionnelle
3) La fabrique métropolitaine « par les vides » ou le retournement des métropoles vers la nature
4) La métropolisation « par le bas », par les pratiques habitantes et les initiatives citoyennes

À l’heure où les métropoles sont attendues comme moteurs de redéveloppement et de relance, du « monde qui vient » (Michel Vayssié), et où elles s’octroient également des champs de compétences sur lesquelles on ne les attend pas, cette grille de lecture est revisitée pour révéler les inflexions sur les discours et enjeux, ainsi que l’émergence de nouvelles pratiques dans l’action publique. Si l’attractivité est devenue un point de divergences dans les trajectoires des métropoles, l’hospitalité a été confirmée comme un enjeu criant sous la forme de nouvelles solidarités, et la crise a révélé la question de l’habitabilité des métropoles, permettant à tous les habitants d’y vivre (1). Les interactions entre les métropoles et les autres interrogent le rôle de l’Etat puisque les collectivités au front ont revendiqué un droit à la différenciation, vers une « nouvelle donne territoriale » : face au couple maire-préfet, quelle place pour la métropole invisibilisée ? (2). L’inversion du regard et l’affirmation d’un nouveau vocabulaire de l’aménagement confirment l’hypothèse d’une écologisation des métropoles (y compris via des aménagements temporaires), et suggèrent même un nouveau référentiel qui redessinerait la trame urbaine, pour un urbanisme « post-covid », façonné par la santé (3). Quant à la métropolisation « par le bas », elle est réactivée sous un autre registre, via la valorisation de certaines figures du travail, indispensables aux sociétés urbaines, et jusque-là invisibilisées, et la promotion d’un « récit ordinaire » par la capacité d’action des citoyens au service de l’intérêt général (4)."

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