Note d’analyse #6 - Aménager le territoire de l’après - février 2021

Avant que la covid-19 ne s’immisce dans les débats en études urbaines, de nombreuses questions se posaient à propos de l’aménagement du territoire. Métropoles et métropolisation étaient notamment interrogées et les bénéfices de “l’avantage métropolitain”, tant pour leurs habitants que pour les autres territoires, remis en question. Certains ont pu dénoncer les effets délétères de la congestion et de la densité de ces formes de ville qui nuiraient à la qualité de vie de leurs habitants tandis que la “bétonisation” qu’elles impliqueraient, porterait atteinte à la qualité des sols et nuirait à l’ensemble du vivant. En parallèle, certains observent le retour du village, figure oubliée de l’aménagement du territoire, en tant que forme urbaine de référence commune à un grand nombre d’aspirations. D’autres, au contraire, s’alarment d’un retour au “localisme” en matière de décision politique y voyant un risque d’égoïsme territorial et un moteur à l’étalement urbain. A l’opposé, d’autres enfin, s’insurgent contre une alliance de fait entre métropolisation et activités mondialisées qui ferait dépendre l’économie locale de décisions prises à une toute autre échelle… La crise sanitaire, loin d’apaiser ces tensions, semble plutôt les renforcer, tant du côté du diagnostic que des prises de position et des projets qu’il inspire. Celle-ci fait en effet apparaître les fragilités des cœurs de métropoles et la nécessité d’une approche plus systémique de l’aménagement du territoire. Il s’agit de montrer davantage la diversité des espaces et des fonctions métropolitains, du centre à la périphérie, et de mieux apprécier le rôle structurant du réseau des villes moyennes, petites et des espaces ruraux dans le projet territorial national.
Si le niveau de service des métropoles, leur accessibilité en transport, leurs équipements universitaires, leur système de soins, leur rôle d’accueil, notamment des plus précaires, en tant que centralité régionale, nationale, et européenne, et leur capacité de concentration de certaines activités à haute valeur ajoutée sont des atouts à préserver, la crise ouvre de nouvelles perspectives aux chercheurs et acteurs de l’urbain : comment accompagner un possible rééquilibrage territorial et aménager le territoire de l’après ? Comment le faire en tenant compte des contraintes environnementales et écologiques ?
Cette note, qui vise à recenser les arguments et controverses, offre un éclairage renouvelé sur les approches en faveur d’un modèle plus équilibré entre les métropoles et le reste du territoire. En un mot, la crise sanitaire interroge notre capacité à penser collectivement un autre projet spatial et politique.

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