Communication-Construction (1989-1996)

Dès 1986, à travers le programme INPROBAT, le Plan Construction se saisit des perspectives encore peu explorées ouvertes par l’avènement fulgurant de l’informatique et des ordinateurs. Les orientations du programme privilégient des applications "métier" (CAO, productique, robotique, intelligence artificielle…) et sédentaires.
En 1989 est lancé le programme « Communication-Construction » (1989-1996), qui prend le relais de INPROBAT, avec quatre objectifs :

  • promouvoir des services de communication ouverts à tous les acteurs de la filière ;
  • promouvoir l’action de normalisation et de structuration des informations ;
  • maîtriser les évolutions des métiers ;
  • contribuer au développement de la qualité dans le secteur.

…et quatre types d’actions :

  • recherches techniques, en particulier en matière de réseau, de bases de données techniques, d’applications informatiques ;
  • recherches en sciences humaines (évolution des métiers, usages…) ;
  • opérations expérimentales, avec trois régions-pilotes (Nord-Pas-de-Calais, Aquitaine, PACA) ;
  • soutien des initiatives des professions.

Contact : Christophe Perrocheau


Synthèse des résultats

Le programme s’est caractérisé et s’est singularisé par plusieurs innovations « organisationnelles ». De nouveaux acteurs apparaissent : les « opérateurs de réseaux » : essentiellement France Telecom, avec Transpac… ; les opérateurs de SRVA (Services et réseaux à valeur ajoutée) : Sligos/Ediflex, Edival/ConstrXion, Bull/Brio, Axone ; les constructeurs informatiques (Bull, IBM…) ; les éditeurs de logiciels… c’est-à-dire des acteurs d’un secteur industriel relativement neuf, peu aguerris aux pratiques, traditions, fonctionnements du BTP. Et qui se livrent entre eux de dures batailles. Le choix est fait de délocaliser les travaux, au moins partiellement, du PCA vers une association nouvelle : « Ediconstruct ».

L’EDI (Échanges de données informatisées)
Il s’agit d’une branche de l’informatique communicante visant à automatiser au maximum les échanges de données : bons de commandes, factures, données bancaires… Pour ce faire, il s’agit de structurer et normaliser des messages, par exemple le message « bon de livraison », qui devra comprendre un certain nombre d’informations issues d’un logiciel quelconque. L’EDI a prospéré dans des secteurs comme la banque, les transports, la grande distribution : les messages échangés intègrent des données homogènes, « monotones », traçables sans rupture, sans ambiguïté ni variabilité de vocabulaire.
Il s’agissait pour Ediconstruct d’adopter pour le secteur construction ce qui avait marché ailleurs et d’adapter ou créer d’autres messages :

  • les « messages » Edifact « demande de prix », « indication de prix », « catalogue », « bon de commande », « réponse à la commande », « modification de la commande », « facture », « prévision de livraison », « avis de livraison » ont été validés tels quels par Ediconstruct…
  • des messages spécifiques ont été créés : « appels d’offres », « offres de prix », « passation d’un marché », « situation quantitative d’avancement de travaux », « situation financière d’avancement de travaux », « demande de paiement direct des sous-traitants »… Des travaux ont été menés concernant les échanges entre les industriels et les entreprises, et pour les échanges graphiques (plans).

La faisabilité technique d’échange de ces messages a été testée et les expérimentations ont amené l’ensemble des acteurs à réfléchir à un langage commun, à décomposer jusque dans les plus infimes détails les processus des échanges, l’ordonnancement des contenus, les récursivités : ces travaux ont au moins permis aux éditeurs de logiciels de prendre la mesure des besoins du secteur, au-delà des tâches de gestion, et de faire évoluer les logiciels dans un sens favorable au secteur.

Les travaux menés dans le cadre du programme ont permis de souligner le décalage entre des univers qui ont à travailler en commun : grandes entreprises industrielles, grands groupes de construction, petites entreprises, secteur du logiciel… Il est clair qu’entre IBM ou CEGELEC, déjà très informatisées et rompues, par définition, aux logiques de réseaux, et un groupement de petites ou moyennes entreprises du second œuvre tout juste informatisées pour la gestion comptable, la coopération n’était pas écrite d’avance.

L’investissement en temps et en financements a été considérable, parfois considéré comme « excessif » par rapport à des résultats peu visibles et « matériels » (rien de plus discret que des données transitant sur un réseau) dont certains se sont développés avec succès, d’autres venant s’ajouter au « trou noir » de l’oubli sur lequel est bâtie l’histoire des techniques.

Il faut pourtant souligner que la stratégie adoptée rompait avec la tradition française d’affirmer une « spécificité » nationale, en se tournant vers des normes internationales, et que c’est après-coup que l’on peut juger de la pertinence des recherches et expérimentations.

Les questions qui ont émergé avec ce programme (sécurité des transferts, protocoles de communication, choix techniques, usages, obstacles, coûts d’investissement et de fonctionnement, possibilité ou non d’extension…) ont probablement favorisé la modélisation des échanges et déblayé le terrain pour l’appropriation des outils informatiques désormais utilisés couramment et, à partir de 1993/95, d’un nouvel outil « universel », internet.


Expérimentations

Fin 1993 : 50 chantiers expérimentaux…
Nombre des expérimentations et observations du programme ont été réalisées lors de « grands chantiers » dont les maîtres d’ouvrage étaient en position de force : Bibliothèque nationale de France, extension de l’aéroport de Roissy, technocentre Renault, siège de la RATP… L’ampleur des chantiers a permis, comme il est dans un rapport de 1993, « d’essuyer les plâtres de l’informatisation ».

Quelques expérimentations (ici, l’expérimentation ne porte évidemment pas sur les techniques de construction ni les projets, mais sur les échanges…)

  • échanges graphiques - Pitié-Salpêtrière
  • armoire à plans - RATP (construction du siège, Paris)
  • constitution/diffusion des catalogues des industriels du génie climatique sous l’égide de EDF/GDF (CEGIBAT)
  • 3 REX « échanges graphiques simples » (OPHLM Macon, Siloge à Evreux, C3B Dijon)
  • 4 REX « serveurs avec applications spécifiques » (SCI Lyon-Bercy, CHR Lille, Schmidt SO, RATP)
  • 3 REX « approvisionnement de chantier » (Rhône-Alpes : entreprise Pascal, menuiseries Oxxo, Spie Citra, Plâtres Lafarge)
  • expérimentation interne IBM / Axone (filiale d’IBM) pour la construction- maintenance de son usine de Corbeil-Essonne
  • armoire à plans - Palais de l’Europe
  • armoire à plans - BNF (50000 plans !)
  • gestion des études – électricité - CEGELEC à la BNF
  • échanges graphiques - stade Charléty
  • dématérialisation des marchés publics - DDE Angoulême – déviation RN 10 - Bull
  • dématérialisation des marchés publics - CHR Lille réhabilitation de l’hôpital Calmette - Sligos
  • suivi de chantier - Scetautoroute (immeuble Guyancourt) – SCIC-AMO, Edival
  • échanges industriel-distributeur - PPB - Point P
  • REX Joliot-Curie (Fontaine, Isère) – suivi de chantier – travaux de réhabilitation – entreprises de second oeuvre
  • expérimentation petites entreprises / commandes de matériels électriques - CAPEB – Hager – Legrand – artisans électriciens – Transpac
  • Aquitaine – chantier Cadillac – restructuration d’un collège (Edival/ConstrXion)
  • Dunkerque – chantier « friche Lefort » - 61 logements (Edival/ConstrXion)
  • Oise – chantier « Feuquières-Granvilliers – 60 maisons (Edival/ConstrXion)
  • Rouen – Maromme – 38 maisons (Edival/ConstrXion)
  • Nord – chantier Quesnoy – 31 logements pour handicapés (Sligos/Ediflex)
  • Aquitaine – Le Clos Messager – 78 logements (Sligos/Ediflex)
  • Bordeaux – chantier SBRU – 163 logements étudiants (Sligos/Ediflex)
  • Caen – chantier « Caen Habitat » - 211 logements étudiants (Sligos/Ediflex)
  • Gagny – 80 logements (Bull/brio)
  • Cavaillon – 61 logements (Bull/brio)
  • Poitiers – chantier Saint-Eloi – 108 logements (Axone)
  • Compiègne construction de l’hôpital (paiement des entreprises (Sligos/Ediflex)

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