Déclin des banlieues : un phénomène victime de la ville compacte - l’exemple d’Ōsaka, Japon

Ce Quatre pages est tiré de la thèse en géographie et aménagement du territoire de Sophie Buhnik intitulée « Métropole de l’endroit et métropole de l’envers.
La décroissance urbaine, vieillissement et mobilités dans les périphéries de l’aire métropolitaine d’Ōsaka », soutenue en décembre 2015 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne sous la direction de Natacha Aveline et Sylvie Fol. Ce travail doctoral est lauréat du Prix de thèse sur la ville 2016 (Grand Prix) organisé par le Puca, l’Aperau et l’Institut CDC pour la Recherche Caisse des Dépôts.

Depuis 2008, la population japonaise décroît à un rythme accéléré. Dans ce contexte sans équivalent à l’échelle planétaire, les métropoles du pays connaissent des mutations radicales : les centres-villes se réurbanisent, tandis que les banlieues sont soumises à des processus cumulés de déclin.
La perte de densité humaine fait peser sur la mobilité des ménages qui y vivent encore, des contraintes lourdes : les distances à parcourir pour atteindre commerces et services s’accroissent, la dépendance à la voiture augmente, un sentiment de captivité apparaît chez les moins mobiles.
Dans l’archipel, ce déclin est renvoyé au vieillissement annoncé de la population et, comme jusqu’à récemment dans le monde occidental, les experts nippons suspectent souvent les modes de vie associés à la périurbanisation. De ces interprétations ont découlé deux décennies de politiques urbaines défendant la « ville compacte ». La densification des centres villes et la concentration des activités sont pensées comme des instruments à même de remédier à l’étiolement des territoires, au risque de dévitaliser davantage les territoires périphériques situés loin de centres de pouvoir, voire de nourrir un étalement urbain persistant. Les tissus périurbains se recomposent en effet en une mosaïque de « points chauds » de croissance et de « points froids » de déclin accentué, très difficile à gérer pour les collectivités locales.
L’éloge de la compacité urbaine semble donner une légitimité environnementale et sociale à une politique de soutien des valeurs foncières et immobilières au coeur des métropoles, induisant dans le même temps la renonciation à un rééquilibrage vers les régions périphériques les plus dépeuplées, ferment de tensions politiques depuis de nombreuses années. Les dynamiques urbaines du Japon contemporain soulèvent ainsi des enjeux d’aménagement pionniers sur la métropolisation en contexte de faible croissance et sur le vieillissement des espaces périurbains.

Partager la page