L’exode urbain ? Petits flux, grands effets - Les mobilités résidentielles à l’ère (post-)covid

Dès les premières semaines du confinement de mars 2020, médias et société civile sont interrogés sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les modes de vie des Français : entre rejet des villes, anticipations de crises futures et recherche d’un nouveau type de confort, l’idée d’un exode urbain, qui viderait les villes au profit des ruralités était née.

Contacts

Hélène Milet, responsable du programme POPSU Territoire
Eva Simon, chargée de projet au PUCA

Objectifs et partenaires du programme

Le Réseau Rural Français et le PUCA pilotent une étude intitulée « Exode urbain : impacts de la pandémie de COVID-19 sur les mobilités résidentielles ».

Equipes de recherche

L’étude « Exode urbain : impacts de la pandémie de COVID-19 sur les mobilités résidentielles » a été lancée en juin 2021. Elle est opérée par le programme POPSU Territoires et mobilise, trois équipes de recherche complémentaires :
- Une équipe de chercheurs en sociologie et en géographie quantitative, travaillant sur les données de consultation des annonces de la plateforme leboncoin.fr en partenariat avec le CREDOC, sous la responsabilité d’Alexandre Coulondre (LATTS) et de Claire Juillard (OGGI)
- Une équipe de chercheurs en économie, travaillant sur les données des plateformes meilleursagents.com, seloger.com et sur les changements d’adresse déclarés à la Poste, sous la responsabilité de Marie Breuillé (INRAE) et Julie Le Gallo (L’Institut Agro)
- Une équipe de 12 chercheurs en sociologie et géographie qualitative, qui étudie six terrains ruraux, semi-ruraux ou périurbains coordonnée par Max Rousseau (CIRAD), Anaïs Collet (Université de Strasbourg) et Aurélie Delage (Université de Perpignan).
L’originalité du dispositif de recherche tient à ce qu’il combine des approches quantitatives et qualitatives et repose, grâce à des partenariats inédits, sur l’exploitation de données nouvelles : les données de navigation du groupe leboncoin pour la première étude quantitative, les données du groupe SeLoger-MeilleursAgents et de la Poste pour la seconde étude quantitative, et une enquête de terrain comparative pour l’équipe qualitative.

Première phase : Mythe ou réalité ? Premiers résultats

Les premiers travaux montrent, que la pandémie de Covid-19 n’a pas bouleversé de fond en comble les structures territoriales françaises qui restent marquées par la centralité des grands pôles urbains. Largement et bruyamment annoncé dans la presse et certains discours d’élus (pour l’espérer ou le craindre), l’exode urbain ne semble pas, pour l’instant, revêtir un caractère massif. Est-ce à dire que rien ne se passe dans les trajectoires résidentielles depuis le début de la crise sanitaire ? Les travaux menés repèrent des signaux faibles, qui viennent renforcer et accélérer des phénomènes déjà présents dans les territoires : processus de périurbanisation – qui s’étend à d’autres territoires et devient une « méga-périurbanisation » –, de « renaissance rurale », de renforcement de l’attractivité des espaces de villégiature, au coeur de circulations résidentielles entre bi-résidentialité et habiter polytopique. La sociologie des ménages engagés dans une démarche d’exode urbain est diverse et recoupe des réalités socio-économiques et spatiales variées. La pandémie fait néanmoins ressortir un nouveau modèle d’investissement immobilier, à la croisée de réflexes « collapsologiques » - soit en lien avec une anxiété croissante vis-à-vis des évolutions climatiques -, et des stratégies d’extraction de la rente foncière. En creux, dans certains territoires, le risque d’un renforcement de la précarité rurale et des difficultés d’accès au logement pour certaines catégories de la population émerge. Derrière l’expression « exode urbain » se cacherait donc un double malentendu : d’une part il n’est pas question ici d’un déferlement massif de populations « urbaines » dans les « campagnes », sorte de retour de bâton d’un exode rural qui aurait marqué les mobilités résidentielles au XXe siècle. D’autre part, les premières analyses invitent à saisir la diversité des territoires, y compris urbains : si départs de population il y a, ils sont loin de concerner toutes les catégories de villes.

Les résultats des analyses statistiques et de l’enquête qualitative

>>Lire le document de synthèse Document de synthèse

A lire et à voir

  • L’exode urbain est au cœur du dossier du numéro 20 de la Revue du Réseau rural. Entre mythe et réalité, ce nouveau numéro s’attache à prendre le pouls de ce phénomène. Le Réseau rural s’est emparé de cette question et a lancé une vaste étude sur l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les mobilités résidentielles.

Seconde phase : "Hors des métropoles, de nouvelles terres d’accueil?"

Pour cette seconde étape, il est proposé de construire de nouvelles enquêtes permettant d’interroger les effets territoriaux des mobilités résidentielles, notamment émergentes, et des investissements post-Covid hors des métropoles.

Cette consultation se construit autour de deux missions :

  • Une première, intitulée "Investissements immobiliers et modes de vie hors des métropoles : vers une « AirBnBsation » du rural et des petites villes ?" interroge les effets des évolutions des manières d’habiter les territoires ruraux sur les organisations socio-spatiales, aux rythmes des pratiques multi-résidentielles, des évolutions immobilières et d’investissement ;
  • Une seconde, intitulée "Dynamiques démographiques, renouveau économique ?" propose de revenir sur une équation souvent trop rapidement dressée entre dynamiques démographiques et renouveau économique local, entre accueil de nouveaux habitants et production de ressources pour les territoires.

Consulter le texte de la consultation

Elle est ouverte du 1er mars au 30 avril 2024.

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