La "densification douce " en France : une première quantification

Parmi l’ensemble des politiques urbaines se réclamant du développement durable, les mesures de densification sont depuis plusieurs années présentées comme étant une des voies pour construire des villes moins consommatrices d’espaces et de ressources. Les trois quarts des surfaces urbanisées en France étant couvertes par de l’habitat individuel, l’avenir des quartiers pavillonnaires s’avère central au regard de ces enjeux de développement durable.
Ce gisement foncier peut-il accueillir des formes de densité et ainsi participer à la production de logements ? Telle est la question posée par le PUCA à travers le programme « Vers des politiques publiques de densification douce ? ». La densification « douce » (densification résidentielle qui se fait principalement sous forme pavillonnaire par division parcellaire et construction sur parcelles détachées, par construction d’appartements accessoires ou par restructuration de grands pavillons pour la production de plusieurs logements (PUCA, 2013)) semble pouvoir constituer une solution innovante en matière de production de logements. Alors que dans les pays d’Amérique du Nord cette forme de densification est un dispositif majeur pour la production de logements abordables, en France, elle n’est pas encore intégrée dans les politiques du logement. On reproche parfois à cette forme de densification de n’être que marginale au regard des enjeux quantitatifs de production de logements et en comparaison aux processus planifiés d’urbanisme traditionnel (en particulier les ZAC et les lotissements).
L’étude menée par l’agence Brès+Mariolle vient contredire cette affirmation. Les résultats de leur analyse quantitative prouvent que les quartiers pavillonnaires sont déjà des espaces de construction de logements individuels. Cette « génération spontanée » de pavillons représente environ 25% de la production totale de logements individuels (sur 10 ans et selon les échantillons étudiés). En extrapolant à l’ensemble de la France, la densification douce pourrait représente 600000 logements construits entre 1999 et 2011.
Aujourd’hui, les quartiers pavillonnaires se densifient donc « tous seuls ». Le phénomène est déjà bien connu des élus. On peut donc s’interroger sur les opportunités et les risques de cette « densification douce » mais quantitativement forte.

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