Les ru.e.s de la Boire : réveiller la plaine alluviale

Équipe mentionnée

Site : Tours, secteur Rochepinard - La Peupleraie

Composition de l’équipe

Mandataire
Clément Blanchet Architecture (architecture et urbanisme)
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Taktyk (paysage et urbanisme)
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Ingetec (ingénierie)

Contact : cb@clementblanchet.com


Le secteur Rochepinard – la Peupleraie est un site conquis, comme tant d’autres, sur l’espace naturel du Cher que l’on a voulu contenir. Fini le paysage de plaine alluviale, voici le site métropolitain avec ses grands équipements, ses grands espaces de loisir, de logistique et de commerce.

Après l’intervention radicale des grands travaux d’il y a 60 ans le temps est venu pour l’œuvre moderne d’être interrogée, décortiquée et probablement déconstruite. Aujourd’hui, être exposé au risque n’implique plus que l’on revête une armure, il semble au contraire qu’il soit temps d’apprendre à l’apprivoiser.

Ne nous trompons pas en dépeignant ici un site sinistré : il s’agit d’un espace vivant et essentiel qui accueille les plus grandes manifestations culturelles et sportives de la métropole, d’un site qui éduque, produit et distribue. Cependant un élément important reste oublié : l’échelle du paysage, peut-être celle du Cher à la fois si proche et si lointain.

On considère trois strates d’intervention qui sont autant de façons de s’approprier le site : l’eau, le sol et le hors d’eau. Chaque strate cherche à tisser des continuités à l’échelle du site et au-delà, à reconstituer des traits d’union entre les pièces foncières et paysagères aujourd’hui morcelées.

Derrière la digue, la Boire du Bois de Plante est l’élément hydrographique le plus important du secteur. Aujourd’hui souterraine sur la majeure partie de son parcours, nous mettons sa remise à l’air libre au cœur de la transformation des lieux. L’évolution des milieux au fil des saisons et des aléas météorologiques repositionne l’eau au cœur de la plaine alluviale et génère un lieu de balade privilégié pour découvrir le site en le traversant d’est en ouest.

Le sol est le second plan d’intervention majeur du projet. Il traite des continuités végétales, de l’agencement renouvelé des mobilités et des programmes au cœur du site. Par un jeu de vases communicants et en jouant sur la concentration du bâti, des espaces végétalisés plus denses peuvent se dégager. Cette nouvelle armature spatiale permet une meilleure répartition des îlots de fraîcheur et génère de nouvelles polarités dans le fonctionnement du site.

Enfin, le hors d’eau regroupe tous les éléments préservés de l’impact d’une inondation potentielle. La levée et la digue sont des protections essentielles face au risque mais incarnent des coupures structurantes sur le plan fonctionnel et paysager. Pour remédier à ces coupures nous complétons le niveau hors d’eau par deux passerelles traversantes. La première est évènementielle, complètement intégrée au fonctionnement du parc des expositions. La seconde relie l’avenue Jacques Duclos à l’avenue de Florence ; elle joue un rôle de cheminement quotidien et offre une échappatoire en cas d’inondation majeure.

A travers les interactions de ces trois strates, le projet reconquiert une pensée complexe sur le rapport du site à l’eau et au risque au prisme des usages et de la place du vivant. Nous ne proposons pas le chamboulement total du site mais l’exploitation de ses espaces interstitiels pour le remettre en situation de profiter de ses atouts géographiques.

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