Portrait des lauréates du Prix de thèse sur la ville 2015

Grand prix du jury de thèse sur la ville 2015

Marie Gibert
Marie Gibert, chercheuse post-doctorante à l’Université Nationale de Singapour au sein du Asia Research Institute (ARI)

Thèse de doctorat en géographie « Les ruelles de Hô Chi Minh Ville, Viet Nam. Trame viaire et recomposition des espaces publics », soutenue à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne sous la direction de Thierry Sanjuan.

- Quel est votre parcours universitaire et professionnel ?
- Je dois ma formation de géographe à mes années d’étude à l’École normale supérieure de Lyon, mais aussi à des expériences opérationnelles de terrain, au Népal, au Vietnam et comme stagiaire du programme des Nations Unies pour l’environnement. Un contrat doctoral m’a permis de m’inscrire en thèse à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (UMR 8586 Prodig), tout en enseignant à l’Université, en France, mais aussi au Vietnam, où j’ai effectué de longs séjours de terrain, en amont de la thèse et durant sa préparation (2009-2014). Je poursuis actuellement mes recherches sur la production de la ville en Asie-Pacifique, comme chercheuse post-doctorante à l’Université Nationale de Singapour au sein du Asia Research Institute (ARI).

- Qu’est-ce qui a motivé le choix de votre sujet de thèse ?
- Le terrain urbain asiatique offre aujourd’hui le spectacle de mutations socio-spatiales extrêmement rapides. Je souhaitais rendre compte de ces mutations par le biais de la ville ordinaire – celle qui est vécue au quotidien par ses habitants, dans leur diversité –, au-delà de la production des grands projets iconiques. Mes recherches portent plus précisément sur la production des espaces publics et les recompositions de la figure de la rue, à l’heure de l’insertion accélérée du Vietnam dans les circuits de la mondialisation. Les infinies ramifications du réseau de ruelles héritées de Ho Chi Minh Ville m’ont offert un terrain d’exploration très riche pour appréhender les mutations de cet « envers métropolitain », dans sa quotidienneté. Ma démarche de recherche se situe donc au croisement entre géographie sociale, anthropologie urbaine et aménagement, avec une attention particulière portée à l’étude des dispositifs spatiaux hérités dans le cadre des processus de métropolisation contemporains.

- Quel impact sur votre carrière scientifique attendez-vous de ce prix de thèse ?
- Ce Grand Prix de thèse sur la Ville vient récompenser de longues années d’engagement sur le terrain urbain vietnamien – terrain qui s’avère assez ardu à appréhender, notamment en termes d’accès aux données –, et j’en suis très honorée. Je suis également sensible à la reconnaissance d’une méthodologie de travail portant son attention à l’échelle fine de l’intériorité du tissu urbain et espère que cela contribuera à asseoir la légitimité de l’approche ethnographique dans le cadre des études métropolitaines. Dans ma pratique de recherche, je souhaite par ailleurs vivement continuer à collaborer avec des chercheurs de différentes disciplines, mais également avec des praticiens. La composition du jury du Prix de thèse sur la Ville reflète cette double approche et je m’en réjouis. Enfin, alors que je commence à encadrer des étudiants de master sur le terrain vietnamien, j’espère que ce Prix de thèse contribuera à susciter des vocations pour poursuivre ce travail, tout en encourageant la création de postes en études urbaines, ouverts aux apports du terrain asiatique.


Prix spécial du jury de thèse sur la ville 2015

Kristel Mazy, Architecte-Urbaniste (PhD), Université Libre de Bruxelles, Service Construction, Architecture et Urbanisme, Bruxelles

Thèse de doctorat en aménagement et urbanisme « Villes et ports fluviaux : le projet comme dispositifs de reconnexion ? Regards croisés sur Bruxelles et Lille » soutenue à l’Université Libre de Bruxelles – Université Lille 1 sous la direction de Jean-Luc Quoistiaux, Philippe Menerault et Yves Rammer.

- Quel est votre parcours universitaire et professionnel ?
- J’ai d’abord réalisé des études d’architecture à l’Institut Supérieur d’Architecture Victor Horta, à Bruxelles. J’ai eu l’opportunité, en 4ème année, de compléter ma formation à la Faculté d’Architecture d’Oulu, en Finlande. Ce fut une expérience très riche d’échanges et de découverte de l’architecture finlandaise très innovante et avant-gardiste. J’ai terminé ma formation par un Master Complémentaire en urbanisme et aménagement du territoire à l’Université Libre de Bruxelles (ULB). Ce changement d’échelle, de l’architecture au développement urbain, m’a passionnée.
Après mes études, j’ai travaillé comme architecte dans un bureau d’architecture, à Bruxelles. J’ai ensuite eu l’opportunité de démarrer une recherche sur la densification de la ville et la construction durable au service BATir de l’Ecole Polytechnique de Bruxelles sur un financement privé (ADEB-VBA). En décrochant ensuite un financement de la Région Bruxelles-Capitale (INNOViris), j’ai réorienté ma recherche sur un thème qui me tenait à cœur, l’articulation des enjeux urbains et industrialo-portuaires dans un contexte de reconquête des voies d’eau.
Pour compléter l’encadrement de ma thèse donné par J.-L. Quoistiaux et Y. Rammer, ingénieurs civils, nous avons réalisé une cotutelle de thèse avec l’Université Lille 1 afin de lui apporter un regard « géographie et aménagement », donné par P. Menerault. Cela m’a permis aussi d’explorer ma question de recherche sur un terrain lillois et de construire une approche comparée. Parallèlement, j’ai coordonné des manifestions académiques et animé des ateliers de projet, dans le cadre de masters en urbanisme et aménagement, à Lille et à Bruxelles, mais aussi à Beyrouth. Aujourd’hui, je travaille à la cellule « stratégies de développement », du Département Urbanisme de la Ville de Bruxelles.

- Qu’est-qui a motivé le choix de votre sujet de thèse ?
- C’est d’abord un travail de terrain réalisé dans le cadre de mon mémoire qui m’a induit l’idée de cette question de recherche. Deux projets d’envergure, l’un urbain, l’autre portuaire, se développaient parallèlement dans une zone stratégique de la Région Bruxelles-Capitale et étaient à l’origine de grandes tensions. En même temps, une réflexion plutôt théorique m’intéressait. Le projet, comme récent outil d’urbanisme, peut-il dépasser les logiques fonctionnelles de l’époque industrielle, par son approche plus transversale ? Ou au contraire, le projet pourrait-il renforcer cette approche cloisonnée et les rapports de force entre les milieux urbains et industrialo-portuaires dans un contexte où les logiques de marché dominent ?
Finalement, en rapprochant ces observations et cette problématique, la question de ma thèse est née : « Villes et ports fluviaux : le projet comme dispositif de reconnexion ? »

- Quel impact sur votre carrière scientifique attendez-vous de ce prix de thèse ?
- J’espère que ce prix de thèse m’ouvrira des opportunités d’emploi dans la recherche et l’enseignement.

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