Construire avec l’existant : un urbanisme du temps climatique

Équipe mentionnée

Site : Saint-Nazaire

Composition de l’équipe

Mandataire
RozO architectes (architecture, paysage, aménagement d’espaces publics)
— 
Éléments Ingénieries (projet urbain, aménagement d’espaces publics, stratégie environnementale)
— 
Casagec Ingénierie (aménagement du littoral, risques littoraux, génie côtier, sujets hydrauliques et hydrologie maritime)

Contact : info@rozo-archi.com


L’aléa est l’élément structurant du projet comme apport d’externalités positives et non pas une contrainte. Pour augmenter sa résilience, la ville doit être reliée à un écosystème préexistant plus grand qu’elle même.
Cette posture amène une logique d’implantation dictée par l’aléa :

  • les logements ne sont pas situés dans les zones à risque car leur évacuation demanderait une adaptation technique dont on ne maîtrise jamais l’efficacité réelle et l’adaptation à l’évolution de l’aléa,
  • les zones à risque sont des espaces urbains vivants mais les activités qui s’y trouvent soit sont mobiles pouvant être déplacées facilement le temps de l’inondation (food-truck par exemple), soit sont de nature à pouvoir ne pas être utilisées en temps de crise. Dans ce dernier cas, les biens sont toujours situés largement au-dessus des côtes à risque.

Les trois actions qui ont guidé la conception de ce projet ont été de désimperméabiliser les sols, d’augmenter la biodiversité urbaine et d’utiliser l’existant.

Dés-imperméabiliser les sols
La dés-imperméabilisation est l’action la plus simple que l’on puisse mettre en œuvre sur le site. C’est une action efficace pour recycler de l’eau pluviale au quotidien et ne pas encombrer intuitivement les centre de retraitement des eaux mais aussi utile en période de forte pluie ou de crise pour accélérer la résilience de la zone. Cette grande zone résiliente est une prairie à l’échelle du quartier qui est le support d’une résilience socio– écologique augmentée. Dans cette volonté de ne plus se fier exclusivement à une techno-nature, le projet AMNA propose de décharger l’eau de submersion vers le marais de Briére par des canalisations passant sous le réseau de voies SNCF. Notre projet inclus la possibilité de ce dispositif. Il propose également de relier la partie basse de la prairie par des canalisations au bassin du port afin de rejeter l’eau facilement en période post-crise. L’eau est travaillée comme un atout au quotidien avec plusieurs axes : absorption et évacuation de l’eau, évaporation, croissance des plantes, absence d’îlot de chaleur, ventilation naturelle, récupération des eaux de pluie.

Augmenter la biodiversité urbaine
Le projet propose des programmes multiples qui induisent des acteurs diversifiées et des activités variées afin de renforcer l’écosystème urbain. L’objectif est de penser la ville comme un écosystème pour faire exister une vie locale et sortir du tout voiture. L’aléa devient le vecteur du projet pour avoir une ville qui soit plus accueillante, pour avoir des espaces de sociabilité près de chez soi, pour garder des activités en centre ville, pour favoriser les échanges de savoir, pour avoir des espaces extérieurs de détente et des jardins proches des logements. Il faut aussi savoir accepter que des zones tampons existent également en milieu urbain. Oui la prairie est inondée en période de pluie et n’est pas utilisable. Des zones de la prairie sont dédiées à la nidification des oiseaux et sont interdites au public. Des grenouilles seront présentes si on n’utilise pas de pesticides. Ces exemples peuvent paraître futiles. Mais c’est justement là que réside leur intérêt : de montrer ces séries d’interdépendance d’un écosystème qui permettent de réguler autrement un milieu que par l’urbanisme et l’architecture. Moins de temps perdu pour aller travailler ou faire d’autres activités = moins d’énergies gaspillés = moins de CO² consommés pour le transport, mais aussi une meilleure hygiène de vie (sport déplacement), du lien social (vie de quartier sans voitures), des espaces qui acceptent une présence des animaux parce que l’on vit dans le même milieu et que la pollinisation, les insectes, etc sont des composantes d’un cycle de vie locale dont l’être humain fait partie.

Utiliser l’existant
L’utilisation de l’existant n’est pas juste un slogan marketing mais un réel enjeu écologique. L’existant désigne tout autant les objets physiques ici les bâtiments que la dimension immatérielle à savoir, les entrepreneurs et leurs réseaux, les habitants, la mémoire du site. Les enjeux liées à cette réutilisation sont nombreux : enjeux écologiques (recycler des bâtiments existants), enjeux de continuité et de valorisation du paysage urbain sans tabula rasa, enjeux de recycler les savoirs humains existants. Concrètement on transforme des entrepôts existants et des maisons existantes, on associe les habitants à la métamorphose de ces maisons en bureaux de proximité par le truchement d’une coopérative, on relocalise des activités industrielles (mécanique, maintenance, etc …) sur le site.

Partager la page