Subwork - Les espaces suburbains de production : quels emplois populaires?

Université de Nantes et Conservatoire National des Arts et Métiers

Contact au PUCA

Nicolas Maisetti

Equipe de recherche

Nicolas RAIMBAULT, maître de Conférences en Aménagement-Urbanisme, Université de Nantes, Institut de Géographie et d’Aménagement (IGARUN)
Adeline HEITZ, maître de Conférences, Conservatoire National des Arts et Métiers, laboratoire LIRSA
Laetitia DABLANC, directrice de recherche à l’Université Gustave Eiffel,
Oriane PILLET, urbaniste indépendante
Jean RIVIERE, maître de Conférences, Géographie, Université de Nantes
Aliette ROUX,ingénieure de recherche, PROGEDO-Loire
Lucas TRANCHANT,maître de Conférences, Sociologie, Université Paris 8

Objectifs de la recherche

Au-delà du secteur de l’industrie, les activités de production englobent également un large panel d’emplois issus des services imbriqués dans les secteurs de la logistique, du commerce (grande distribution, commerce de gros, e-commerce), de l’artisanat ou encore des plateformes numériques. Ces activités, parfois récentes, sont souvent mal connues et reposent en grande partie sur des emplois peu qualifiés, ceux-là mêmes apparus comme « travailleurs essentiels » pendant la crise du COVID-19. Les catégories agrégées d’« ouvrier », d’« employé » ou d’« indépendant » de la statistique publique sont insatisfaisantes pour les identifier. Le travail évolue, brouillant les frontières entre les secteurs.

  • Le projet Subwork analysera la structure et la géographie des « emplois de production » en incluant les nouveaux services (plateformes numériques, e-commerce) et apportera un regard neuf sur les fabriques et le design urbain des espaces de production. L’objectif est de montrer comment les modalités de production et de transformation des espaces de production contribuent à structurer les lieux de travail des classes populaires.
  • Tout d’abord, le projet mettra à jour la géographie des emplois de production au sein des aires urbaines de Paris et de Nantes. Depuis les zones denses dont ils sont chassés sous l’effet de la pression urbaine ou de la gentrification, mais dans lesquels ils reviennent intégrés à des projets urbains, jusqu’aux fronts d’urbanisation, où on les retrouve dans les zones d’activités économiques, ces espaces de production structurent différents visages de la banlieue.
  • Ensuite, au travers des quatre études de cas, le projet mettra en lumière les enjeux d’urbanisme et les mécanismes de production urbaine des espaces de production, en s’appuyant notamment sur le cas emblématique la logistique urbaine. Ces terrains questionnent également les formes de renouvellement des banlieues.
  • Enfin, le projet mettra en évidence le redéploiement spatial des centralités populaires découlant des transformations des espaces de production dans les différentes configurations des banlieues de Paris et de Nantes.

Les territoires de la recherche

Le projet articulera trois échelles spatiales : une analyse statistique diachronique de la dynamique de ces emplois à l’échelle nationale tout d’abord, une analyse spatiale des lieux de travail et de résidence de ces travailleurs à l’échelle des aires urbaines de Paris et de Nantes ensuite. Par rapport à l’échelle nationale, cette échelle intermédiaire permettra de comparer deux configurations urbaines contrastées : celle d’une ville globale et celle d’une capitale régionale parmi les plus dynamiques démographiquement. Au sein de ces deux aires urbaines, quatre études de cas seront réalisées. Trois figures de la banlieue parisienne seront comparées : Aubervilliers (93), Aulnay-sous-Bois (93) et Sénart (77). En miroir, une étude de cas nantaise est proposée : les implications, pour le bassin d’emplois, du déplacement du Marché d’Intérêt Nationale (MIN) depuis l’île de Nantes vers le front d’agglomération le long du périphérique.

La méthode

Pour cela, le projet mobilisera une équipe composée de chercheurs en géographie, urbanisme et sociologie, et d’une urbaniste-architecte, qui combinera des méthodes d’analyses quantitatives et qualitatives.

  1. Un premier travail consistera à analyser les dynamiques et la géographie des espaces de production à travers la localisation des emplois. En utilisant les déclarations annuelles de données sociales et croisant les nomenclatures d’activités et de professions, il sera possible d’identifier les emplois de production et leur évolution dans le temps et l’espace en proposant une approche diachronique (1993-2017).
  2. Un second travail consistera en l’analyse des espaces de production sur le plan urbain. En mettant à jour de la base de données « Recensement Régional des Bâtiments Logistiques » et en l’étendant aux autres secteurs présents dans les espaces de production, le projet permettra d’apporter une analyse fine de ces derniers au sein des trois terrains franciliens (Aulnay, Aubervilliers et Sénart) et de les situer dans le contexte francilien. Pour mettre en évidence les fabriques différenciées de ces espaces de production, des analyses des documents de planification, des projets urbains et des dispositions réglementaires ainsi que des politiques publiques seront menées sur ces terrains. Un troisième travail articulera la question des emplois de production, leur localisation et structuration avec celle des classes populaires. Des enquêtes qualitatives, par le biais d’entretiens, seront menées dans les différents terrains identifiés pour comprendre les politiques de constitution des bassins de main d’œuvre destinés à occuper les emplois productifs. Les enquêtes s’intéresseront en contrepoint aux formes d’engagement des travailleurs, d’une part à travers les organisations syndicales et d’autre part à travers les actions de collectifs ad hoc.

A lire et à voir

Replay - 06/10/2021 - Webinaire Ville productive : Que sait-on aujourd’hui de la géographie de l’emploi populaire ?

Les travailleuses des classes populaires de la métropole nantaise : plus nombreuses que les hommes mais invisibles, Atlas social de la métropole nantaise, Au delà de la ville attractive, 2022
Meuret-Campfort Eve, Raimbault Nicolas, 25/11/2022
Premières de corvées » dans les hôpitaux ou les commerces, les travailleuses ont été mises en lumière pendant la crise sanitaire, comme en témoigne notamment le film Debout les femmes de François Ruffin. Cette reconnaissance – toute relative – souligne l’invisibilité qui touche les femmes de classes populaires habituellement. En s’intéressant de près à plusieurs catégories d’employées hautement féminisés, cette planche vise à mieux saisir leur place dans la métropole nantaise et leur expérience de celle-ci.

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