Habitat alternatif : vers un mode de production propre ?

Habitat « alternatif », « autogéré », « coopératif », « participatif » : quelle que soit leur dénomination, ces opérations ont en commun de proposer un produit innovant sur le marché du logement. Elles mettent également au cœur de leur dispositif un acteur singulier : l’habitant.
Si la démarche connaît des précédents, la dernière décennie a vu éclore des dizaines d’initiatives nouvelles.
Ces opérations se révèlent cependant très hétérogènes dans leurs processus, objectifs et formes. Mais qu’elles soient initiées par des citoyens, des associations ou par des collectivités, elles partagent plusieurs caractéristiques : elles sont plutôt de taille modeste, pas plus de 20 logements, et elles sont portées par des habitants désirant participer à la création de leur cadre bâti. Leurs motivations sont diverses : construire à moindre coût, « bien vivre » entre voisins en organisant sa vie collective ou rechercher des solutions innovantes.
Les collectifs d’habitants interviennent ainsi dans l’élaboration du programme, le montage financier et ils entendent être des acteurs à part entière du projet. Une implication qui modifie de fait le processus de conception et le rôle des acteurs traditionnels. La démarche participative crée en effet de nouvelles formes de coordination et engendre des partenariats complexes qui sont fluctuants, coûteux en temps et en engagement personnel. Car, pour l’heure, ceux-ci se mettent en œuvre à l’intérieur des procédures classiques de production de logement (ZAC ou projets de rénovation urbaine). Et l’implication dans un cadre procédural ne peut se faire sans une compréhension du système d’acteurs, notamment de la répartition des tâches, une connaissance du vocabulaire et des procédures.
Au regard des expériences en cours, la question est de savoir comment dépasser aujourd’hui l’expérimentation pour que ce type d’opération devienne un mode de production alternatif. Pour cela, un volontarisme politique et la mise en place d’outils spécifiques semblent nécessaires. A titre de comparaison, on observe dans les villes allemandes une multiplication d’opérations d’auto-promotion initiées par des architectes. Un fait qui confirme, qu’au-delà des questions de contexte, la nature même de la démarche conditionne son succès et sa reproductibilité.

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