Learning from Bangkok : l’habitat spontané, outil de développement des grandes métropoles

Favelas au Brésil, villas miserias en Argentine ou plus généralement slums ou bidonvilles : indépendamment de leur nom et de leur lieu d’implantation, les ensembles spontanés éveillent la suspicion. Illégaux, ils sont perçus comme un phénomène temporaire qui n’entre pas dans la constitution de la ville sur le long terme et sont souvent renvoyés aux problèmes qui les ont générés (pauvreté, inégalité), ou à ceux qu’ils génèreraient (insalubrité, hyperdensité, insécurité).
L’observation d’une mégapole comme Bangkok révèle pourtant une réalité plus optimiste. A l’échelle urbaine, ces morceaux de ville entretiennent des interactions fortes avec le tissu planifié, voire des relations de complémentarité économique. Certains de ces quartiers constituent en effet des pôles ou des couloirs commerciaux attractifs, au niveau local et métropolitain.
Et avec les années, ils assurent la continuité du tissu urbain en investissant des lieux impropres à l’habitation (canaux, marécages, bretelles d’accès) et en les reliant finement à leurs contextes immédiats. La qualité du bâti Lui-même s’améliore également avec le temps, à mesure que la nécessité s’éloigne. Si elles s’édifient en-dehors des cadres légaux, les constructions finissent par rattraper les standards de la production résidentielle privée et à attirer une clientèle issue des classes moyennes, séduite par des localisations devenues avantageuses. Cette conquête du confort passe par une de leurs propriétés phares : la flexibilité de leur architecture (partitions légères, emploi du bois).
Forte urbanité, mixité des usages, adaptabilité, grande implication des résidents : l’habitat spontané stimule la réflexion sur la production résidentielle. Avec l’amélioration du niveau de vie, il constitue un mode d’insertion et de construction de logements à faible coût pour une population jusqu’alors précarisée.
Les autorités ont d’ores et déjà reconnu les qualités de ces lieux émergents ainsi que le droit des habitants à transformer leur cadre bâti, en régularisant une part de ces ensembles et en engageant des démarches participatives inspirées de leur modèle. C’est toutefois à des processus de co-conception spatiale plus stratégiques en termes de développement métropolitain qu’une meilleure connaissance de ces habitats alternatifs pourrait conduire.

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