H2E85 - Habitat économe en énergie pour 1985 (1981-1985)

Le choc pétrolier de 1973 avait conduit à lancer des recherches, des expérimentations nombreuses (HOT, contrats de recherche avec le CSTB…). Celui de 1979 aboutit à la volonté d’un grand programme pluriannuel avec des objectifs quantitatifs ambitieux.

L’objectif assigné au programme H2E85 (1981-1985) était de parvenir à construire 400000 logements neufs par an à partir de 1985 en réduisant de 50 % la consommation d’énergie dans le chauffage, de 30 % l’eau chaude sanitaire, et en stabilisant les autres usages, sans surcoût passées les premières expérimentations. Ceci par la mobilisation de tous les acteurs et de toutes les techniques à travers quatre modes d’intervention : recherche-développement, démonstration et diffusion, information et formation, réglementation.

H2E85 rassembla tous les moyens pour réduire les consommations d’énergies non renouvelables d’où, au travers de consultations nationales, un travail sur l’enveloppe (habitat hyperisolé), sur la gestion de l’air et les systèmes de conduite des équipements, et sur les équipements.


Consultations

1981 : 6 consultations

  • Habitat hyperisolé (HOT7)
  • Le composant fenêtre
  • Pompes à chaleur/concours d’innovation
  • Pompes à chaleur/concours de diffusion
  • Composants de commande et régulation pour hab. climatique
  • Composants solaires de l’architecture bio climatique

1982 : un concours et deux consultations spécifiques

  • Concours : opérations mettant en œuvre un habitat économe en énergie avec exigences architecturales, urbanistiques et d’usage.
  • Projets conçus dans le cadre de la future réglementation thermique, préfiguration du label haute performance énergétique
  • Consultation chauffage aéraulique : travailler sur la ventilation, la circulation de l’air, le confort et la conservation des locaux, d’où un renouveau pour le chauffage aéraulique
  • Stockage de chaleur pour 1985 : expérimenter et évaluer des techniques de stockage appropriées

1983 : un concours et une consultation spécifique

  • Concours : procédure d’animation et de concertation pour vérifier les bonnes conditions de mise en œuvre des produits, systèmes et procédés utilisables pour la réalisation d’un habitat économe en énergie
  • Suivi thermique : mise au point de méthodologies fiables de mesure des consommations (diagnostic préalable de l’installation et du bâtiment, campagne de mesure)

1984 : un concours et une consultation spécifique
Concours : performance minimale au niveau du label HPE 3 étoiles + importance de la conception architecturale et des conditions économiques de réalisation des projets
Les automatismes pour les fenêtres : consultation très spécialisée à l’articulation de 2 groupes de travail composant fenêtre et contrôle commande

1985 : une consultation de recherche et une consultation spécialisée

  • Habitat et ensembles énergétiques autonomes - De l’habitat dispersé aux grands ensembles : gestion optimale des énergies
  • Tableau de bord domestique : consultation adressée aux fabricants et concepteurs de systèmes de régulation et de comptage, aux spécialistes de la conduite des installations pour des systèmes à des coûts acceptables

Synthèse des résultats

Avec les différentes consultations, c’est sur un parc de plus de 2 500 logements que des techniques traditionnelles améliorées ou des techniques innovantes ont été expérimentées. Un grand nombre de produits et de procédés ont été au cœur de l’innovation animée par H2E85 : les éléments coffrants isolants, l’isolation pariétodynamique, les vitrages peu émissifs, les menuiseries de fenêtres en PVC ou aluminium à coupure thermique, la ventilation hygroréglable, les générateurs à condensation… Furent exclues du débat les techniques de l’habitat solaire, les pompes à chaleur, la distribution d’eau chaude basse température, le chauffage collectif. Pour les techniques de l’habitat solaire, hormis la bonne conception des parois vitrées, les parois captantes et l’ensemble des systèmes actifs ont fortement reflué. La consultation pour la diffusion des pompes à chaleur a échoué. Pour la distribution d’eau chaude basse température, l’intérêt porté aux planchers chauffants à tubes plastiques a progressé très lentement. Pour le chauffage collectif, les points de vue sont contradictoires. Cependant, la consultation sur l’habitat et les ensembles énergétiques autonomes a montré l’intérêt de ce type de chauffage, nécessitant des recherches-développements à moyen terme.

L’ Anvar aida au développement de quelques produits. H2E85 et l’UNFOHLM favorisèrent les relations entre les maîtres d’ouvrage et les fabricants par une sélection de produits thermiquement performants.

Les effets du programme portèrent sur la réglementation (renforcement des exigences en 1982, création du coefficient B aux côtés du coefficient G), les labels (en 1983 création de la procédure des labels haute performance énergétique), l’information et la formation des milieux professionnels.

En cinq ans, les acteurs les plus dynamiques ont mis au point les méthodologies et les moyens matériels permettant de construire un habitat économe en énergie. Le thème technique s’est élargi à d’autres aspects : demande énergétique, maîtrise des dépenses énergétiques, développement de systèmes de gestion de l’énergie, reconsidération de la composition et de la fonctionnalité de l’enveloppe des bâtiments, amélioration énergétique de l’éclairage… Un niveau d’exigence plus réaliste pour la réglementation est apparu en raison des difficultés pour améliorer la production d’Eau Chaude Sanitaire (ECS) et pour maîtriser les autres usages de l’énergie, d’où un consensus pour ramener l’objectif initial de 50 % d’économie en 1985 par rapport à 1974 à 30 %.

Le rapport d’évaluation du thème « Maîtrise de l’énergie » remis au conseil national d’orientation du programme UTH (1985) donne un avis mitigé sur les résultats : « Les appels d’offres du Plan construction, dont certains ont été communs avec l’AFME, ont initié une ouverture de la recherche universitaire et du CNRS à ces thèmes et ont favorisé les liaisons entre les équipes, notamment entre la recherche publique, les entreprises et les industriels ».

Mais, selon ce rapport, la multiplication des opérations expérimentales a entraîné une dispersion des moyens de suivi nécessaires à l’établissement de bilans techniques. « On aurait gagné en efficacité en se concentrant sur les techniques les plus significatives ». Le rapport poursuit : « Il est difficile d’évaluer l’ impact industriel de ces expérimentations. Il n’était pas possible, dans un aussi bref délai, de concevoir, expérimenter et diffuser des produits entièrement nouveaux. En revanche, H2E85 a contribué au développement de produits déjà conçus, ou à accélérer des études de conception et d’expérimentation » : isolation de l’enveloppe (isolation par l’extérieur, vitrages sélectifs), ventilation, générateurs de chaleur (chaudière à gaz à condensation), systèmes de conduite.

Au bout du compte, la pénétration de ces nouvelles techniques se révèle plus lente que prévu et l’objectif fixé pour 1985 est revu à la baisse. « L’accompagnement scientifique constitue une condition nécessaire mais pas suffisante au développement de produits pour lesquels le marché et l’adaptation de l’appareil industriel sont des contraintes incontournables ».

L’apport d’H2E85 ne se limite pas à l’expérimentation de techniques et de produits. L’équipe consacre l’année 1985 à la préparation d’une nouvelle réglementation thermique fondée non plus, seulement, sur les déperditions d’énergie, mais, aussi, sur les consommations réelles.


En lien

Partager la page