Le hors champ de la production urbaine (2015-2023)

La répétition des crises (écologiques, sociales, financières…), la montée des incertitudes, la défiance croissante des citoyens vis-à-vis des pouvoirs publics, les nouvelles controverses, conduisent à une reconfiguration des rapports experts/profanes et imposent de repenser les modalités de l’action publique dans les champs de l’urbanisme, de l’aménagement et du logement. Dans ce contexte de mutation, le PUCA entend être un opérateur d’analyse de cette rupture et le promoteur d’expérimentations d’alternatives. Pour cela, peut-être faut-il commencer par s’intéresser au « hors champ de la production architecturale et urbaine », c’est-à-dire aller regarder à côté de ce que l’on promeut et/ou analyse traditionnellement (les éco-quartiers, les grandes opérations d’urbanisme), s’écarter du "réverbère" de l’action publique, autrement dit du côté de la ville ordinaire, de l’innovation à bas bruit, des alternatives singulières et des projets dont les résultats ne sont pas connus à l’avance.
Dans cet objectif, le PUCA mène un travail sur la question spécifique du renouvellement des initiatives citoyennes et de l’implication des habitants et usagers dans la fabrique de l’espace urbain. La mise à l’agenda des questions d’empowerment combinée à la ré-émergence de formes participatives de conception de l’habitat nous invitent à lancer une démarche d’observation des pratiques locales émergentes afin de comprendre quels sont leurs apports, leurs limites, et au fond leur contribution à une certaine forme d’évolution de l’action publique.
Le programme de recherche-action « Hors champ de la production urbaine » a été lancé en 2014. Après avoir effectué un repérage des initiatives innovantes mené par des collectifs pluridisciplinaires (architectes, urbanistes, artistes, sociologues), le PUCA a soutenu huit démarches locales innovantes avec pour exigence la modification/création d’espaces urbains ; des formes de participation et d’implication habitantes accrues ; des modes d’intervention innovants ré-interrogeant la linéarité de l’action publique et qui comprennent une dimension réflexive ou évaluative convaincante pour permettre une montée en généralité.

Contact :

Responsable François Ménard
Chargée de valorisation : Bénédicte Bercovici

Les 10 recherche-actions

  • Valorisation des espaces libres et promotion d’initiatives habitantes à Toulouse Bagatelle
    Le PUCA a lancé, avec la ville de Toulouse, une recherche-action visant à valoriser les espaces libres d’un grand ensemble et à promouvoir des initiatives habitantes (économiques, culturelles, agricoles) qui pourraient prendre place au sein de ces espaces publics. La ville a identifié dans le cœur de quartier Bagatelle un certain nombre de « parcelles initiatives » sur lesquelles des projets d’habitants du grand ensemble pourront prendre place. Une équipe pluridisciplinaire est chargée d’identifier les conditions sous lesquelles de telles initiatives pourraient voir le jour pour ensuite les expérimenter. L’équipe sera chargée de réfléchir aux conditions sociales, économiques et pratiques d’utilisation de ces « parcelles initiatives » : quels besoins/projets des habitants ? Quelle nature d’activités peut–on imaginer ? Quel montage juridique adéquat pour mettre à disposition des porteurs de projet un terrain ? Quels acteurs économiques peut-on associer à la démarche ? Quelle régulation et mode de gouvernance de ces espaces ? Comment « impulser des dynamiques et accompagner » les personnes ou associations bénéficiant de telles opportunités ? Rapport, Céline Loudier-Malgouyres, Réussir l’Espace Public - 2016, 69 p.
  • Co-programmation d’un projet de rénovation urbaine avec des urbanistes en résidence (Clermont-Ferrand, Université Foraine)
    La ville de Clermont-Ferrand dispose d’un vaste terrain actuellement inoccupé dans le quartier de la Gauthière. Le programme initial de rénovation s’étant heurté à une forte opposition des habitants, l’équipe municipale a souhaité co-construire avec les habitants les éléments du programme d’équipement pressenti (pôle petite enfance, pôle médical, pôle info-service au sein d’un large espace paysager à vocation de parc promenade). Son idée est de venir enrichir l’esquisse de programme grâce à une enquête de terrain alternative, donnant voix aux moins audibles. L’expérimentation prend ainsi le contrepied des processus classiques d’aménagement : elle tient à s’éloigner de la figure de l’expert distant et du modèle de la réunion publique présentant des scénarios déjà établis aux habitants. A contrario, le tissage de relations est au cœur de la démarche proposée : les deux conceptrices en charge opérationnelle du projet résident et travaillent sur le site. « Habitantes (presque) comme les autres », elles recueillent la parole de la population de maintes façons, formelles et informelles. La démarche est mise en oeuvre par l’Université Foraine et l’association qui la porte, Notre Atelier Commun.
    - Rapport "L’université foraine de la Gauthière, décembre 2014" -
    - Avant l’architecture - Une programmation habitée, Esther Guillemard, Suzie Passaquin, collection Réflexions en partage, 84 p., 2019
  • Atelier Populaire d’Urbanisme et community organizing de la Villeneuve à Grenoble
    L’atelier populaire d’urbanisme a été créé par des habitants en décembre 2012 dans le grand ensemble emblématique de la Villeneuve à Grenoble, longtemps considéré comme "un modèle urbanistique et social". Il s’inscrit dans la continuité d’une expérimentation des méthodes du « community organizing » menée par l’association ECHO à partir de 2010, dans une démarche de contestation du projet de rénovation urbaine porté par la municipalité et de co-élaboration d’un projet alternatif (le "projet urbain stratégique et démocratique" élaboré en 2013). L’objectif premier des ateliers populaires d’urbanisme est de dépasser la simple opposition à la rénovation urbaine pour construire des alternatives à des dispositifs descendants en associant les habitants et acteurs associatifs et économiques du quartier à la démarche de rénovation urbaine. Il s’agit à la fois d’élargir le cercle des personnes qui participent à la production de l’urbain, de produire des savoirs réflexifs sur les limites de la production urbaine traditionnelle et d’expérimenter des méthodes alternatives inspirées de l’advocacy planning. Première expérience innovante de "community organizing à la française", l’expérience grenobloise devrait également permettre de nourrir les débats en cours sur la politique de la ville.
    Ouvrage "Plaidoyer pour Villeneuve - Pouvoir d’agir et planification démocratique face à la rénovation urbaine de l’Arlequin" - 228 p. Edition du PUCA, collection Recherche
  • Une démarche de conception/gestion d’un espace public en friche par les habitants usagers (Saint-Etienne)
    Depuis 2010, l’association "Carton Plein" regroupant architectes, urbanistes et sociologues assure la gestion et l’animation d’un espace public temporaire et expérimental de 2000 m2 au cœur de Saint-Etienne : La Cartonnerie.
    Sous l’impulsion de l’Établissement Public d’Aménagement Saint-Etienne (EPASE), l’association a réalisé de nombreux évènements et aménagements provisoires en impliquant les citoyens et les structures locales. L’association a conçu et mis en œuvre un dispositif d’intermédiation entre des acteurs très différents (les aménageurs, la collectivité, les citoyens, les voisins, les militants…). Cette expérimentation, dont le succès local est avéré, interroge les modes de conception du projet urbain, leurs temporalités et les modalités d’implication des usagers. Elle questionne en particulier les modes de faire de l’EPASE et de la ville. Un ouvrage rendant compte de cette expérience est en cours de préparation et sera publié en 2016.
    Ouvrage "La Cartonnerie - Expérimenter l’espace public - Saint-Étienne 2010 > 2016" - 304 p. Edition du PUCA, collection Recherche -
    Pour une information sur les activités de la cartonnerie : http://lacartonnerie.blogspot.fr/
  • Evolution des représentations et amélioration des conditions de vie dans deux bidonvilles en Essonne
    L’action menée avec l’association PEROU sur les bidonvilles de Ris-Orangis et de Grigny, vise à changer de paradigme, ce que l’association formule de la manière suivante « construire vaut mieux que détruire ». Cela s’est traduit en particulier par l’installation d’une « ambassade » dans le bidonville, l’organisation d’événements culturels et la participation avec des architectes et des artistes à l’amélioration concrète des conditions de vie. D’un point de vue plus général, cette expérimentation se propose d’accepter les campements et de les transformer en lieux dignes afin d’en examiner les potentialités d’insertion, plutôt que de chercher à tout prix l’évacuation. Le Puca soutient la dimension réflexive et la production d’une analyse sur l’expérience menée.
    Rapport du PEROU « Partir du bidonville. Une micro-expérimentation constructive », 2015 - - Annexes du rapport
  • Le travail à Rennes sur la co-production "incrémentaliste" de la programmation architecturale et urbaine
    Il s’agit d’animer une fiche urbaine, dans le temps long, et de concevoir avec les acteurs locaux (universitaires, habitants, associatifs, pouvoirs publics…) un projet "d’occupation" des sites proposés par la collectivité locale.
    Rapport - Notre atelier commun - 2015 - Cote PUCA 1755
  • L’urbanisme transitoire : évaluer les impacts sociaux et sur le projet urbain - Atelier Approches.s, juillet 2019 - Les projets d’urbanisme transitoire, quelles que soient leurs formes et les activités qu’ils génèrent, poursuivent une visée commune : favoriser le maintien d’une présence utile et l’émergence d’une vie urbaine intensifiée par l’occupation de sites en mutation, en attente ou en complémentarité de futurs projets urbains ou immobiliers. Ce mode d’intervention sur l’espace connaît en France un essor massif depuis les années 2010. De nombreux projets émergent un peu partout sur le territoire. On leur prête de nombreuses vertus (dynamiseur de vie urbaine, créateur de sociabilités, levier d’innovation, outil de valorisation économique du foncier…) tandis que la question de la mesure de ces impacts et de l’évaluation n’en est pourtant qu’à ses prémices. Dans le cadre du programme sur le « hors champ de la production urbaine », l’atelier Approche.s !, mobilisé sur les pratiques collaboratives de la fabrique de la ville, a mené une première analyse des effets urbains et sociaux de ce type de projets. Première étape d’une démarche au long cours visant à outiller les maitres d’ouvrages souhaitant initier des démarches d’urbanisme transitoire, ce cahier rend compte d’une comparaison de 12 expériences locales, en France et à l’étranger, aboutissant à une première grille d’analyse de leurs effets sociaux et urbains.
  • Pour un urbanisme relationnel - Analyse des impacts sociaux et urbains de l’urbanisme transitoire - Approches, avril 2021 - L’urbanisme transitoire connaît un essor important depuis les années 2010. Les études récemment produites sur le sujet affirment en général que ces processus éphémères participent à la création de valeurs : gain économique pour les propriétaires, dynamiseur de vie urbaine pour les collectivités, locaux à bas prix et environnement créatif pour les occupants, accompagnement d’initiatives citoyennes pour les associations partenaires. L’évaluation des projets d’urbanisme transitoire n’en est pourtant aujourd’hui qu’à ses prémisses et ne permet pas encore de qualifier clairement les impacts sociaux et urbains de ces projets. Face à la pression du marché et l’engouement de la profession, il est pourtant important de se doter d’indicateurs d’évaluation explicites sur les impacts de ces démarches. • Comment évaluer les impacts sociaux de l’urbanisme transitoire sur le territoire ? • Au-delà des indicateurs quantitatifs, quels critères pour qualifier ce que l’urbanisme transitoire produit en terme de richesse sociale ? •En quoi l’urbanisme transitoire peut-il constituer un outil de stratégie territoriale ?
- Atelier Approche.s avec le concours de la DHUP et du PUCA - 2022 Ce guide pratique est dédié à l’évaluation de l’impact des opérations d’urbanisme transitoire et des tiers-lieux. Issu d’une démarche de 3 ans d’étude-action, le carnet est le fruit d’une étude de 12 cas en France et à l’étranger, d’un cycle d’ateliers associant professionnel.le.s de la ville, porteur.euse.s de projets, partenaires institutionnels, usager.ère.s, et d’un an de tests sur un territoire pilote : la démarche transitoire MOVE avec Euromed à Marseille. - Atelier Approche.s avec le concours de la DHUP et du PUCA - 2023

Valorisation : documents, vidéos et audios en lien avec le programme

  • Interview de Antoine Houël, coordinateur de l’association îlink - 9 février 2016 sur SUN Radio

Autres actions en lien avec le programme

  • Le « théâtre mobile TMob » est un programme de coordination culturelle appliqué aux temps et aux espaces de l’aménagement urbain. Ayant vocation à s’implanter au cœur d’un chantier d’envergure, la « structure nomade » proposée visera à expérimenter un lieu multifonctionnel (base-vie de chantier, scène artistique, hôtel d’entreprises et plate-forme citoyenne) et à renouveler les approches strictement techniques de la gestion de chantier. TMob fédère les acteurs d’un territoire autour d’un lieu de vie commun aux ouvriers du bâtiment, aux artistes en résidence, aux entrepreneurs, aux commerçants, aux représentants institutionnels, aux associations et aux habitants.
    Pour plus d’informations : www.labomob.eu
  • Urbanisme transitoire - Solutions juridiques - APUR, 2021
    Réalisée en partenariat avec le Lab Cheuvreux, cette étude vise à approfondir le cadre juridique dans lequel se déploient les projets d’urbanisme transitoire, afin de mettre en évidence les possibilités actuelles et les solutions trouvées.

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