Mixité fonctionnelle versus Zoning : un renouvellement du débat ?

Mixité urbaine, diversité des fonctions, mixité des usages : l’injonction à la mixité fonctionnelle est présente en France depuis plusieurs décennies, devenant un objectif majeur des politiques urbaines, depuis la LOV de 1991 jusqu’à l’appel à projets d’écoquartiers. Historiquement, cette mixité des fonctions correspond à une critique de l’urbanisme « fonctionnaliste » qui faisait de la séparation des fonctions le principe ordonnateur de la ville moderne. Cette critique s’est longtemps inscrite dans un débat opposant les conceptions culturalistes aux tenants du fonctionnalisme. Progressivement, c’est au nom même de l’efficacité fonctionnelle de la ville, face aux phénomènes d’enclavement économique et social mais aussi de congestion, que la séparation des fonctions a été remise en cause. Aujourd’hui, c’est dans la perspective de réduire la distance entre l’habitat et le lieu de travail, dans la recherche d’une ville verte aux courtes distances et au métabolisme resserré que cette mixité est évoquée.
Mais parallèlement à cette tendance, les stratégies métropolitaines semblent privilégier les regroupements de l’activité économique dans des pôles spécialisés, clusters compétitifs et attractifs liés à l’économie de la connaissance. Dans le même temps toujours, les marchés de l’immobilier continuent à présenter une offre segmentée en fonction de cibles spécifiques (bâtiments tertiaires, logements, commerces…) favorisant leur regroupement dans des espaces dédiés. Comment aujourd’hui cerner les enjeux qui se dessinent dans ce paysage aux tendances en apparence contradictoires ? Quid des échelles d’appréhension de la question ? Quel est le rôle des outils de l’aménagement ou de la promotion privée ? Quels sont les résultats observables des approches qui revendiquent l’introduction de la mixité fonctionnelle ? Enfin, habitants, salariés et entreprises, de par leurs stratégies, ne pèsent-ils pas également dans cette équation ?

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